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20 avril 2015 – En décembre dernier tombait l’annonce officielle d’une tournée Européenne pour les américains de Skeletonwitch avec Goatwhore et Mortals. Trois petites dates françaises sont programmées à Eragny, Angoulême et Lyon laissant ainsi pour compte le sud du pays. Je décide de parcourir les 370 km qui séparent Toulouse d’AngoulêmeSkeletonwitch et Goatwhore sur une même affiche : immanquable ! Il ne fut pas aisé de trouver La Nef, dissimulée au beau milieu d’une zone industrielle. Ce soir, nous serons réunis en très petit comité (moins d’une cinquantaine). Seuls les puristes, les fans n’ont pas hésité à braver les routes un lundi soir, ayant majoritairement fait 1 à 2 heures de chemin pour assister au concert.

La salle est plongée dans le noir vers 20h55, les nénettes de Mortals s’installent flegmatiquement. Les new-yorkaises, Lesley WolfElizabeth Cline et Caryn Havlik ont formé le groupe en 2009. Plutôt sludge, punk, hardcore au départ,  le style a finalement évolué vers un sludge black metal. Le titre Ten Years Filth sortait en mars dernier sur un Split réalisé chez Broken Limbs Recordings. Le trio nous sert un très bon set d’une demi-heure, atmosphère sombre et riffs ultra heavy sont agrémentés par les voix écorchées des deux vocalistes. D’un côté Lesley, la blonde, fait vibrer sa basse avec force nous balançant son chant puissant avec la « black metal attitude » : le regard noir, impassible. En face, Elizabeth, la brune, est plus rock’n’roll gratouillant énergiquement sa guitare et hurlant, le sourire aux lèvres. Caryn complète le trio, cachée derrière sa batterie, elle alterne entre rythmiques lentes et rapides. Les compositions telles que Epochryphal Gloom ou The Summoning sont denses et sinistres, elle vous prennent réellement aux tripes. Bravo à Mortals pour cette entrée en matière, pas si évidente au vu de l’audience et du niveau des deux autres groupes.

21h45, après quelques modifications sur le plateau, les lumières s’éteignent à nouveau. Cinq mois que j’attends le retour de Goatwhore, les américains avaient mis le feu à la Dynamo avec leur black thrash bien gras et couillu. Je pense d’ailleurs que beaucoup sont ici pour eux. Trêve de discussion, le set démarre à grands coups de blast beat avec Poisonous Existence In Reawakening, morceau d’ouverture du dernier opus Constricting Rage of The Merciless. L’imposant Ben Falgoust vous emporte avec son chant râblé et son charisme indiscutable, impressionnant par sa capacité à alterner voix death et voix black. Le guitariste et fondateur,  Sammy Duet, est imperturbable, exécutant son set avec une facilité déconcertante et assurant aussi les chœurs. Les riffs sont hyper techniques, mélodiques et solides. Tous deux sont équipés de gros bracelets cloutés qui font leur effet : sooo dark ! C’est Zack Simmons qui donne la cadence, enchaînant avec brio changements de rythmes et faisant presque fumer la double pédale, un véritable athlète.  Enfin, Robert Coleman, le pro du headbang, se charge de faire vrombir sa basse apportant ce qu’il faut de densité. L’excellent titre In Deahtless Tradition résonne, ses riffs ultra thrashy, vous entraînent et vous poussent à remuer le corps et la tête à vous en briser la nuque. An End To Nothing, FBS, puis Cold Earth Consumed In Dying Flesh; c’est lourd, sombre et prenant. Les titres défilent vélocement, l’ambiance est bonne dans la Nef et les membres de Goatwhore embrasent la scène. Tout à coup, Zack fait sonner le charley, les premiers accords de Baring Teeth For Revolt retentissent. Cette chanson m’emporte, le chant, la rythmique, les riffs, tout est parfait ! Wow ! Ben vient fricoter avec le public et on adore ça. Le sublime set à la fois pugnace, beau et poignant se clôture sur Apocalyptic Havoc. Je n’ai pas vu le temps passer, les américains ont une fois de plus mis le feu aux planches. Une performance proche de la perfection grâce à des compositions en béton taillées pour la scène et une exécution sans faille. Transcendant ! A quand la prochaine ?

Un peu plus de 20 minutes nous permettent de souffler avant l’arrivée du headliner, Skeletonwitch, dont le beau back drop décore la scène. Ce groupe de black thrash fondé en 2003 a sorti un splendide 4eme album Serpents Unleashed en 2013. C’est d’ailleurs l’amorce du set, I Am Of Death qui retentit à 23h pétantes, suivi de From A Cloudless Sky Burned From Bone. Le quintet se compose des guitaristes Nate Garnett et Scott Hedrick, de Dustin Boltjes à la batterie, Evan Linger est à la basse et Andy Horn remplace Chance Garnett au chant. Le chant.. ça sera le gros bémol de la soirée. Le son était parfaitement géré pour Goatwhore, mais là, nous n’entendrons malheureusement pas la voix d’Andy. Grosse déception, et encore, je ne m’en tire pas trop mal en connaissant bien les titres, j’arrive à suivre et à rentrer dans le show. Ce ne sera pas le cas des gens qui découvraient Skeletonwitch ce soir. Le vocaliste ne s’en aperçoit pas et vit intensément sa prestation (et c’est peu de le dire) pour notre plus grand bonheur. Plus globalement, leurs compositions sont variées et complexes : les riffs mélodiques à souhaits, sont délivrés par Nate et Scott, les notes virevoltent sur les manches de leurs guitares. Dustin martèle sa grosse caisse à la double pédale, ça envoie du steak sur des morceaux comme Upon Wings of Black ou Choke Upon Betrayal. Séance de headbanging collective, c’est tellement bon ! Evan brandit sa basse et fait vibrer ses cordes avec force. Puis Andy… Quel clown! Il nous mime la décapitation ou l’éventration… Il amuse la galerie (je ne sais pas ce qu’il prend mais c’est de la bonne). Encore un show excellent, avec des titres qui vous tortillent le bide comme Stand Fight and Die ou Unending Everliving. Le combo final: Of Ash And Torment + Within My Blood est burné, thrashy, mélodique, divin !

Chapeau au seul mec du public qui aura tenté moult slams et encaissé quelques gamelles. Merci à la Nef d’avoir accueilli Mortals, Goatwhore et Skeletonwitch qui nous ont offert un concert de haute qualité. Merci aux trois groupes pour leur disponibilité et ces moments partagés « off the record ». On espère les retrouver à Toulouse.

Auteur: Fanny Dudognon

Photo : Archive Thorium Magazine