Legion of the Damned

7 mai 2015 – C’est à l’occasion de la troisième édition du festival Thrash Inmortal que je me rends à Barcelone. Le plateau offert par Kivents était bien trop alléchant pour résister : les locaux d’Aggression, les allemands de Dust Bolt et, en tête d’affiche, les célèbres néerlandais de Legion Of The Damned. Trois nations pour un menu 100% thrash avec des styles toutefois différents qui font la force de cette programmation.

Je découvre la salle 3, la plus petite du complexe Razzmatazz. Un mix entre le Connexion Live et la Dynamo, un lieu sympathique dont la capacité maximale est de 250 personnes. Nous aurons largement de quoi respirer car l’affluence, ce soir, sera (malheureusement) minimale avec, tout au plus, une cinquantaine de metalheads. La quantité folle de concerts de cette qualité à Barcelone, la programmation un jeudi soir ainsi que le prix du billet à 20€ (forte augmentation de la TVA en Espagne) seraient à priori l’explication de cette désertion. La date Vader / Hate au même endroit (salle 2) un mois plus tôt avait subi le même sort. Un bien triste constat mais les groupes devront composer avec, pour ma part je me réjouis de la proximité absolue avec les artistes.

 Il est 19h30 lorsque les locaux d’Aggression montent sur scène devant un parterre parsemé d’à peine une quinzaine de personnes. Fondé en 2005, ce groupe de thrash technique est un peu le petit frère d’Angelus Apatrida. De 5 ans son cadet, Aggression a réalisé deux albums dont Viocracy en 2012, c’est ce LP qui a permis au quatuor de décoller. D’influences variées, jazz, death technique, metal progressif et thrash, leur musique est à la fois classique et moderne avec des compositions robustes. Pol Luengo nous balance son chant bien maîtrisé grattant fougueusement sur sa jolie Jackson blanche. A ses côtés, Nico Hernandez exécute des riffs ultra efficaces, armé d’une Jackson également, mais rouge. Jose Rosendo s’occupe de la rythmique derrière sa batterie, blast beat et compagnie : tchuka tchuka tchuka ! La basse vrombit parfaitement dans les mains d’Emanuel Salgado, arrivé en août dernier. Le public est un peu timide mais les encouragements et applaudissements iront crescendo et les têtes remuent. Les titres tels que Moshpirit, False Flags ou encore Viocracy ne vous laissent pas de marbre, c’est efficient, puissant et super technique. Aggression, un groupe au top que j’espère revoir prochainement et qui vaut largement le détour. Une exquise mise en bouche de 50 minutes avec un son plutôt bon.

20h42, place à Dust Bolt ! Les d’jeuns from Germany avaient mis le feu aux planches lors de leur passage, en compagnie d’Obituary, au Metronum en janvier. Les quatre thrashers à l’énergie débordante et aux crinières impressionnantes sont de retour, prenant position sur la petite scène. Connaissant leur degré d’hyperactivité, je me demande comment ces « piles » vont gérer l’espace. Bene tourne déjà sur lui-même, incapable de rester statique, les premiers accords de Soul Erazor retentissent alors. Le véritable échauffement c’est maintenant ! A peine deux titres et le public est déjà dedans, les cuerpos et les cabezas s’animent. Ils sont jeunes, fougueux, souriants et doués, que demander de plus ? Awake The Riot, Beneath The Earth, Living I Lie, Toxic Attack… Des titres qui vous transportent avec une rythmique de fou furieux soutenue par Nico qui frappe ses fûts avec impétuosité et fait fumer la double pédale. Flo et Lenny délivrent des riffs alliant technique, violence et mélodie. Un son moderne, brutal et stimulant : du fucking thrash allemand qui vous prend aux tripes. Lenny assure parfaitement le chant l’agrémentant de ses cris aigus ! wow ! Dans la salle on est chaud, l’énergie (et c’est presque un euphémisme) du groupe, qui prend plaisir à jouer et échanger avec le public, se répand comme une tornade. Nous regardons des musiciens aliénés qui s’agitent dans tous les sens et puis, des cheveux ! oh oui, des cheveux partout, le headbanging est de rigueur quand on consomme du Dust Bolt ! Bene fait vibrer les cordes de sa basse avec hargne faisant tournoyer sa chevelure en compagnie du vocaliste, c’est à en faire pâlir les égéries de l’Oréal.  On termine sur l’excellente Agent Thrash ! 50 minutes d’intensité, un show « décoiffant » (la blague !). La relève du thrash allemand est assurée, es war gut!

Dernier changement de plateau avant de voir les membres de Legion Of the Damned débarquer. En janvier 2014, les néerlandais sortaient un nouvel album, Ravenous Plague et nous avaient livré une très belle prestation au Bikini (en compagnie de Sepultura). La réputation de ce groupe de thrash/death metal, formé il y a 10 ans, n’est plus à faire. 22h00, l’intro résonne et le quintet prend place devant leur back drop et sous cette lumière rouge, constante. Erik Fleuren est au fond, derrière sa batterie. Devant, le vocaliste Maurice Swinkels, les deux guitaristes Twan Van Geel et Hein Willekens  ainsi qu’Harold Gielen à la basse sont alignés, têtes baissées cachés par leurs cheveux : cousin machin et ses frères font du metoool ! Trêve de plaisanterie, nous rentrons dans le vif du sujet avec Son of the Jackal, gros blast et riffs bien gras, let’s go ! La setlist se construit essentiellement autour du 1er et du dernier album. Mountain Wolves Under a Crescent Moon, Bury Me In A Nameless, Death’s Head March, Bleed For Me, Malevolent RaptureLegion Of The Damned, ça envoie la purée, ça vous hérisse les poils et vous retourne le ventre. Dans la salle c’est headbang attitude . Le chant du charismatique Maurice est irréprochable! Twan et le souriant Hein nous projettent ces riffs plus dévastateurs les uns que les autres, tantôt lents et lourds, tantôt rapides et mélodiques. Ca dépote ! Takatakatakataka, Erik impressionne par sa rapidité et sa précision, du blast en veux-tu en voilà. Le côté grassouillet est bien accentué par la basse bruissante d’Harold. Cult Of The Dead, Armalite Assassin, Werewolrd Corpse… Ce set est magistral, je suis en transe, et je ne suis pas la seule. Un étrange fan se tient au bord de la scène, absolument cinglé, il crie, nous mime le tueur, fait la brasse, tarzan…Bref, merci monsieur, j’ai bien ri ! Le quatuor nous offre un beau final avec Doom Priest et Legion Of The Damned. 23h20, je suis lessivée, c’était énorme tout simplement!

Merci à Kivents, ainsi qu’aux trois groupes, Aggression, Dust Bolt et Legion Of The Damned pour leurs excellentes prestations, leur disponibilité et leur extrême gentillesse. Grosse branlée ce soir ! A part l’éclairage rouge vraiment pas beau et le manque de public tout était au top. Malgré ce vide, l’ambiance était belle et bien au rendez-vous ! Thrash ’till death !

Auteur: Fanny Dudognon

Photo: Archive Thorium Magazine