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Un festival est toujours plus difficile en lever de rideau. Plusieurs ne s’étaient pas encore remis de la prestation de feu de Metallica – ou de leur lendemain de veille. Ça n’a pas empêché Bat Sabbath, l’hommage au légendaire Black Sabbath par le groupe torontois Cancer Bats, d’ouvrir les festivités. La musique et l’énergie y était, mais le chanteur Liam Cormier n’a rien d’un Ozzy Osbourne… Son style donnait un résultat particulier aux classiques du heavy metal, mais ceux qui s’attendaient à ce qu’il colle aux mélodies vocales originales ont été un peu déçus.

  La Corriveau, groupe gagnant du concours En Route Vers Heavy Montréal de la ville de Québec, de lancer la fête sur la Scène de l’Apocalypse avec un thrash groovy et puissant. Le groupe a fait preuve d’une belle complicité sur la scène et la foule leur a bien rendu leur énergie. Une belle découverte pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de voir leur spectacle auparavant!

Une bonne foule était réunie sous le soleil de plomb pour la performance de  Grimskunk, sur la scène principale. Leur alt-rock avait déjà fait fureur au festival auparavant, et ils ont encore une fois attiré une bonne foule. Ils ont conclu leur prestation en envoyant un message à tous ceux qui se plaignent des décibels générés par Heavy Montréal :  fuck Saint-Lambert!

Les vieux de la vieille ont pu commencer leur journée immédiatement après, avec la prestation de Death Angel sur la scène Heavy. Ces derniers remplacent D.R.I, un groupe qui était fort attendu, mais qui ne pouvait traverser la frontière canadienne. D’entrée de jeu, le chanteur Mark Osegueda nous affirme qu’ils sont très heureux d’être de retour à Montréal et qu’ils vont nous offrir un excellent concert en guise de remplacement du groupe tant attendu. Jouant principalement des titres provenant de leur dernier album (The Dream Calls For Blood), Mark anime la foule d’une main de maitre. L’excellent premier album du groupe est toujours apprécié par les amateurs comme le démontre la grande quantité de crowd surfers pendant les titres Evil Priest et Mistress Of Pain. Le premier groupe thrash de la journée termine leur prestation en force en jouant Thrown To The Wolves (précédée de l’introduction du titre The Ultra Violence).

À peine le temps de prendre son souffle que les amateurs courent vers la scène Molson Canadian pour être témoin du retour de Steve ‘Zetro’ Souza au sein d’Exodus. Le groupe commence son concert de manière brutale en nous offrant en succession les pièces Bonded By Blood et Fabulous Disaster! Rien de mieux pour entrainer la foule dans un moshpit énergique. Steve prend donc le temps d’expliquer à la foule (en guise d’introduction à la pièce A Lesson In Violence) que si vous savez thrasher, l’enseigner et, si vous ne le savez pas, il faut l’apprendre. Même si le son ne rend pas justice à la voix de Steve, ni aux solos de guitare de Gary Holt, ces derniers donnent une excellente prestation qui inspire les amateurs à être encore plus actifs lors des titres Blacklist, The Toxic Waltz et Strike Of The Beast. Malgré l’épuisement, la foule crie le nom du groupe avec l’espoir de les faire revenir sur scène. Malheureusement, c’est tout le temps qui leur était accordé, il faudra donc attendre leur nouvel album prévu pour le mois d’octobre.

Pendant ce temps sur la scène de l’Apocalypse, le groupe Nashville Pussy présentait leur délire southern rockIl s’agissait de leur premier passag en ville depuis quelques années, et ils en ont profité pour présenter quelques pièces de leur nouvel album Up The Dosage. Les plus récentes compositions sont encore plus remplies d’énergie que les celles qu’ils ont présenté depuis le début des années 2000, et leur nouvelle bassiste Bonnie Buitrago a visiblement autant de plaisir sur scène que Blaine Cartwright et Ruyter Suys.

Habitué de faire sale comble à Montréal, Epica n’a plus besoin d’introduction. Ces derniers jouent principalement des pièces de leur nouvel album intitulé The Quantum Enigma ainsi que les titres Consign To Oblivion et The Obsessive Devotion. Que ce soit l’interaction avec la foule en français de Simone ou des gestes de Coen repris par les caméras pour les écrans géants, on voit bien que le groupe aime énormément jouer à Montréal. Mark et Simone profitent de ce passage pour dire qu’ils seront de retour cet automne en compagnie de Machine Head, Children Of Bodom et Battlecross.

C’est maintenant au tour de Symphony X, le seul groupe au style power métal et progressif, de monter sur la scène Molson Canadian et la foule n’hésite pas à montrer leur appréciation en scandant leur nom à multiples reprises. Même si ces derniers n’ont pratiquement pas fait de spectacles cette année, ils sont tout simplement en feu sur scène. Russell Allen se nourrit de l’énergie de la foule et démontre qu’il est très à l’aise sur les grandes scènes. Michael Romeo est lui aussi en excellente forme et c’est sans surprises qu’il en met plein la vue (et les oreilles) aux amateurs avec ses solos de guitare. Étant en mode écriture de leur prochain album, le groupe nous interprète premièrement quatre pièces provenant l’album Paradise Lost avant d’enchainer avec deux pièces de l’album Iconoclast et de terminer le tout avec l’excellente Of Sins And Shadows.

Plusieurs se demandent la pertinence d’avoir le groupe Body Count au festival, mais, du même coup, plusieurs amateurs se sont déplacés pour voir la formation qui ne se produit jamais à Montréal. D’entrée de jeu, Ice-T présente les musiciens du groupe et ne se gêne pas pour mentionner à la foule de faire du bruit! Il utilise toutes les occasions pour s’adresser à la foule entre les chansons pour leur dire de bouger ou pour leur dire qu’il se croit à Vancouver tellement elle est tranquille. Même s’ils ont un nouvel album paru plus tôt cette année, Ice-T choisit de jouer davantage de vieilles compositions plus connues. Les plus appréciées sont bien entendu There Goes The Neighborhood, Talk Shit Get Shot et la controversée Cop Killer qu’il présente comme l’hymne national canadien. Sans dire que la présence de Body Count était essentielle, c’est exactement le groupe au style excentrique qui doit être présent au festival afin de diversifier le festival tout en restant centré sur le métal.

Le groupe Alestorm fait toujours bien des heureux à Montréal et leur premier passage au festival n’a pas fait exception! Boucaniers, pirates et autres flibustiers se sont massés devant scène de l’Apocalypse et ont repris les hymnes marins et alcoolisés comme Drink, Nancy The Tavern Wench et Rum. Le chanteur Chris Bowes, armé de sa keytar et d’une bouteille de rhum, a mené son équipage dans une délirante prestation mettant en vedette leur plus récent album, Sunset on the Golden Age, avec des morceaux comme Walk The Plank et Surf Squid Warfare.

Twisted Sister est une formation qui a su se faire attendre… Ça a pris trente ans au groupe avant de se décider de prendre la scène à Montréal! Ayant joué la veille en Belgique, le groupe nous montre qu’ils sont professionnels en foulant la scène Molson Canadian gonflés à bloc. Dee Snider ne se gêne pas pour écorcher les promoteurs à la première occasion qu’il a de parler au public parce qu’ils jouent qu’une heure. Maintenant qu’il a libéré sa frustration, il nous mentionne qu’ils vont jouer l’album Stay Hungry au complet afin de célébrer son trentième anniversaire, au grand plaisir de la foule. Il est intéressant de noter qu’il s’agit aussi du line-up original qui s’est réuni pour l’occasion. En présentant les pièces de l’album dans un ordre différent, le groupe réussit à créer le rythme parfait pour tenir la foule alerte. Les cinq membres du groupe nous offrent une performance énergique et nous démontrent qu’ils aiment jouer ensemble. Dee est un excellent frontman et trouve tous les moyens afin de faire réagir la foule, que ce soit en mentionnant à ceux qui se trouvent sur la colline qu’ils sont en fait dans la section handicapée ou en demandant à la foule de crier “I Wanna Fuck au lieu d’”I Wanna Rock“. Les autres succès comme We’re Not Gonna Take It et The Prince ont aussi eu une excellente réception auprès de la foule. Quelle prestation mémorable pour ce groupe légendaire!

Dès que la prestation de Twisted Sister terminée que les amateurs massés en grand nombre devant la scène Heavy crient le nom de Lamb Of God! Ils sont prêts pour le retour du groupe qui avait dû annuler leur présence en 2012. Comme par magie, le début de la pièce Desolation marque aussi le début des hostilités pour la foule près de la scène! N’étant pas en tournée, le groupe est reposé pour le festival et dégage énormément d’énergie, le seul bémol est que le guitariste Mark Morton n’est pas présent, il est remplacé par Paul Waggoner, le guitariste du groupe Between The Buried And Me. La sélection des pièces représente bien tous les albums du groupe et génère une quantité immonde de body surfers qui donnent beaucoup de travail à la sécurité. Le concert prend fin avec le titre Black Label et crée encore une fois un gigantesque circle pit! Même si le concert est presque identique à ce qu’ils nous avaient offert au Métropolis l’année dernière, Lamb Of God nous démontre encore une fois qu’ils doivent être considérés comme l’un des plus gros groupes de leur style musical!

C’est les légendes du thrash Slayer qui ont conclu le festival. La foule s’est massée devant la scène Molson Canadian pour une performance très solide du groupe californien. Ils ont encore une fois prouvé que ce n’est pas l’absence de Dave Lombardo, qui a quitté le groupe en février 2013, et de Jeff Hanneman, décédé quelques mois après, qui allait les ralentir. Paul Bostaph et Gary Holt, du groupe Exodus, prennent bien leur place et ont montré tout un aplomb pour leur deuxième performance de la journée. Ils ont joué tous leurs classiques, de The Antichrist à Hate Worldwide en passant par Dead Skin Mask, War Ensemble, Seasons in the Abyss et terminant avec South of Heaven et Angel of Death. Les mosh pits étaient à la hauteur des attentes, leur taille égalant leur agressivité maintenant légendaire. Le concert était toutefois presque identique à celui qu’ils ont présenté au CEPSUM en novembre dernier, des chansons jouées au décor utilisé par le groupe. Il ne reste plus qu’à attendre un nouvel album, le premier en cinq ans, promis pour le début de l’année prochaine.

L’édition 2014 du Heavy Montréal a fait passer son public par presque tous les genres de musique lourde, et s’annonce difficile à battre. Les attentes seront grandes pour l’édition 2015, mais gageons que le promoteur evenko saura monter une affiche intéressante avec une formule qui a fait ses preuves cette année!

Auteurs: Albert Lamoureux, Phil Mandeville

Photographe: Paul Blondé

Pour en savoir plus: HEAVY MONTRÉAL