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15 juillet 2015 – Après l’excellent concert de Death Angel le 12, je vais retrouver les amis espagnols devant la salle Razzmatazz. Cependant, je ne suis pas là pour voir un groupe local mais bel et bien l’un des groupes de metal français les plus populaires au monde, il s’agit bien entendu de Gojira. Nous sommes chanceux car les 3 dates précédentes furent annulées suite au décès de la maman de Joe et Mario Duplantier à qui nous présentons nos sincères condoléances. La première partie sera assurée par les locaux de Moonloop. Les français sont très populaires à l’étranger et les espagnols sont nombreux à avoir fait le déplacement pour ce concert qui se joue pourtant 1 jour avant le début du Resurrection Fest.

La musique démarre à 20h45 avec Moonloop et leur death metal progressif et psyché. Créé en 2001 à Barcelone, le groupe a réalisé 3 démos et un premier album studio sorti en 2012 : Deeply from the Earth. Le show commence avec un morceau qui sera sur le prochain album : Megalodon. Eric Baule, le vocaliste et guitariste alterne entre voix claire et voix death, son grain un peu nasillard contraste avec son chant guttural sorti d’outre tombe, je suis impressionnée ! Raul Payan frappe les fûts et Vic Granell s’affère à la basse, les rythmiques sont savamment modulées et les riffs assurés par Eric et Juanjo Martin sont à la fois techniques et mélodiques. Les parties lentes et lourdes s’opposent et s’unissent à la fois aux cadences plus rapides et autres envolées lyriques. Ils joueront également Zeal, Medusa et Strombus. Leur musique à la fois violente et planante, presque doom, vous plonge dans une atmosphère sombre et psychédélique. La foule est attentive et les nuques se délient malgré la chaleur déjà étouffante. Moonloop nous aura fait voyager dans cet univers étrange, presque transcendant, durant une quarantaine de minutes: une parfaite introduction à Gojira.

Il faudra un petit moment aux techniciens pour effectuer les modifications scéniques. La salle est bondée, et la clim étant coupée, la température devient difficile à supporter…ce concert promet d’être intense ! 21h50 nous sommes à nouveau plongés dans le noir, la foule commence à s’agiter et les fans au premier rang s’égosillent déjà. L’intro retentit et, baignés dans une lumière bleutée, les membres de Gojira font leur apparition, Mario ouvre la marche et prend place derrière sa batterie. L’entrée en matière se fait bien évidemment au son des guitares grinçantes d’Ocean Planet et ce, devant un océan de poings levés. Malgré sa mine fatiguée, Joe nous balance son chant avec sa justesse et sa force habituelles, lançant quelques « fuck » par-ci par-là. The Axe, The heaviest matter of the Universe, Backbone, c’est parti pour une bonne dose de violence et d’intensité. Le concert commence à peine mais, que ce soit dans le public ou sur scène, nous nous liquéfions littéralement tant la chaleur est suffocante. Cela n’empêche cependant pas les fans de s’adonner à une séance extrême de headbanging et de lancer des pogos. Comme toujours, Gojira nous emporte dans les profondeurs abyssales de son death métal progressif. Nous sommes transportés par les riffs denses ultra agressifs délivrés par Joe et Christian Andreu ainsi que les blast beats destructeurs assénés par le talentueux Mario. Jean-Michel Labadie, est toujours aussi excité, sautant dans tous les sens avec sa basse vrombissante. Ils sont totalement habités par leur musique, ils la vivent et cela se ressent, à chaque fois, aussi intensément. Après Love/Remembrance, Joe annonce en espagnol s’il vous plait El niño salvaje , oui l’Enfant Sauvage titre éponyme du dernier album sorti il y’a 3 ans déjà. Ce titre, évocateur et profond où la voix écorchée de Joe vient des tripes, ses hurlements, vous retournent le bide… Mario Duplantier nous offrira bien évidemment un excellentissime solo de batterie, doublé par les applaudissements du public, qui introduira Toxic Garbage Island. Ce soir, Gojira nous offre un joli melting-pot de sa discographie, une set list toute en force et bien équilibrée qui ravit les fans de toujours. Wisdom Comes, Orobous et la très attendue Vacuity. Brutalité, technicité, intensité…impossible d’être déçu, on en oublierait presque notre état de décomposition. Le jeu de lumières adapté au rythme de la musique est toujours aussi éblouissant, laissant entrevoir juste ce qu’il faut. Les spectateurs fiévreux se lâcheront encore, le temps de deux ultimes morceaux : World to come et The gift of guilt. Il est 23h20, les français nous ont offert un show d’exception récompensé par les chaudes clameurs et applaudissements abondants d’une foule conquise, nonobstant les horribles conditions.

C’est le cœur rempli d’émotions et le corps vidé de son eau que les fans désertent la salle. Merci à Moonloop, Gojira et On the Road Music pour cette belle soirée.

Auteur : Fanny Dudognon

Photo : Archive Thorium Magazine