Ezekiel

5 Novembre 2015 – Nous avons eu la chance, ce jeudi, de pouvoir admirer, une fois encore, le spectacle son et lumière d’EZ3kiel au Metronum. La dernière fois que les tourangeaux se sont produits à Toulouse c’était… le 5 Novembre 2014. Il y a donc un an,  jour pour jour.

L’honneur de précéder ce groupe mythique, qui tourne depuis presque 20 ans maintenant, fût attribué aux toulousains de Dona Confuse. Et là… je suis grandement embêté. Terriblement même. En 2007 sortait leur premier album, le bien nommé, Broken Like Cigarettes in Tristan Da Cunha. Sous ce titre peu racoleur se cache en réalité une perle d’un Rock aussi inclassable que sublime. Sur cet opus se succèdent des compositions d’une richesse telle qu’elles exacerbent nos émotions, telle que la mélancolie est contrebalancée par la voix cristalline de Romain. Si j’insiste sur cet album c’est que d’un, il mérite d’être écouté, et de deux… Mince, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ils ont produit sur scène une sorte d’électro-transe aussi insipide que fadasse. “Oui mais il y a la guitare en moins” me disait un estimé collègue. Et alors ? Dans la même veine allons voir chez les italiens d’Appaloosa qui ont un line-up quasi similaire composé d’une batterie, d’un mixeur et de deux basses. Pas besoin de guitare pour les apprécier un live. Quoi que, pour les Dona, on peut également supprimer la basse de Vincent qui est totalement inexistante. Elle était inaudible et ne semblait se contenter que de trois notes à chaque fois. Ce même collègue a compté une setlist de sept à huit morceaux. Je n’en ai différencié que quatre tant ils n’avaient de cesse de jouer la même chose, notamment au niveau de la batterie (Matteo) face à laquelle la voix de Romain tentait tant bien que mal de donner du volume à la prestation. Une déception, et ça me fait très mal de le dire… surtout pour un groupe qui s’est clairement destiné à la scène avec seulement deux albums et deux EP depuis leurs débuts ! Albums qui ne sont pas désagréables à écouter qui plus est. Essayons de positiver, c’est avant tout une question de format. D’un ennui mortel en live mais qui doit être grandement plus appréciable dans un milieu plus intimiste comme les clubs par exemple.

Venons-en maintenant aux très attendus membres d’EZ3kiel que sont Stéphane Babiaud à la batterie, Joan Guillon à la guitare et au mix, et Sylvain Joubert à la basse. Il y avait du monde au Metronum pour les accueillir, beaucoup de monde même ! LUX, est leur dernière galette en date. Pour un groupe qui est connu pour ses prestations où règne une volonté de symbiose entre le son et la lumière, on attendait d’être émoustillé au plus haut point (car « lux » vient du latin qui signifie « lumière », et c’est également une unité physique qui caractérise le flux lumineux ; qui a dit que les cours du lycée ne servent à rien ?!). Et c’est d’autant plus excitant à la vue de cet immense ensemble sur portique de 48 modules de projection luminique (oui ils ont été comptés ! 4 rangées de 12 projecteurs.) Ce système fera littéralement danser la lumière tout au long du set.

Le show a débuté avec Born in Valhalla où les sons slidés de la basse, agrémentés d’une batterie des plus agressives et d’une guitare stratosphérique au possible, nous ont recueillis et projetés directement dans l’espace intersidéral à la vitesse de la lumière (oui il va y avoir beaucoup de jeux de mots vaseux dans cette chronique). On ne redescendra sur la Terre ferme qu’une heure et demie plus tard. Nombres de titres sont agrémentés de touches de glockenspiel. Magnifique. Dès le second morceau Œil du Cyclone, l’ingénierie lumineuse nous offre un festival de technicité. Un laser pointait à différents endroits du panel de modules qui ondulaient à son contact. La lumière dansait je vous dis ! On pourrait penser que l’éblouissement que suscite les prestations scéniques d’EZ3kiel serait dû aux jeux hypnotiques de la lumière (qui ferait pâlir un épileptique) mais en réalité pas du tout. Les compositions sont juste magistrales et enluminées parfaitement par le dispositif qui l’est tout aussi. Sur Dead in Valhalla, par exemple, au milieu du set, c’est un nappage de laser bleu qui prônait au-dessus de nos têtes. Les fumées émises par les appareils virevoltaient sur cette surface azurée. Une impression d’immersion totale comme si nous étions des êtres médusés sous la surface océanique. Ce titre vaut littéralement le coup en live où il prend toute sa dimension car nous aussi nous virevoltions au gré du son. Le summum fût lors du morceau LUX où Stéphane, sourire aux lèvres, nous communiquait sa joie de jouer ce morceau en live. Le public clamait son allégresse sous un tonnerre d’applaudissements. De plus, il y a eu une diversité des titres joués issus des albums précédents, qui se fondaient à merveille avec ce jeu de lumière. Je pense notamment à Versus de l’album Barb4ry dont les propos sont en contradiction avec ceux de LUX mais qui s’est révélé être plus que bienvenu.

Pour conclure, le show d’EZ3kiel est à voir ABSOLUMENT en live. C’était une expérience incroyable où nous en avons pris plein les mirettes tout autant que dans les esgourdes. C’est une prouesse de technicité à la fois sonore et visuelle. Le jeu scénique sobre du groupe laisse place aux jeux de lumière dont l’ensemble est calé avec extrême précision. C’est donc tout le staff qu’il faut féliciter pour ce travail incroyable. Alors foncez, ce ne sera point du… LUXe.

Merci aux zicos, au Metronum et aux organisateurs pour cette soirée.

Auteur : Pierre Falba.

Photographe : Clément Costantino.