15 décembre 2012 – Rarement ai-je eu l’occasion de parler à un metalhead qui n’était pas un trippeux du folk métal. Justement, cette passion sous-jacente dans le monde du métal s’était exprimée vivement à Montréal le soir du 15 décembre au Club Soda lors du concert sold out organisé par BCI mettant en vedette deux puissances légendaires du folk métal : Wintersun et Eluveitie. De plus, nous avons été gâtés par la présence de Varg, un groupe allemand de folk métal plus qu’approprié comme première partie!

Voilà donc que le quintet s’était emparé de la scène pour briser la glace. Vêtus de cuir et peinturés au grand complet en rouge et noir, les gars de Varg ont commencé l’assaut sans tarder. Avec une discographie de 4 albums déjà, ils nous ont offert un set bien varié avec des thèmes allant de la mythologie nordique jusqu’au compte du petit chaperon rouge, tout en passant par l’exécution de pédophiles au bûcher. Métal, tu dis? Oh que oui! Entremêlant certains aspects du bon vieux thrash métal à leur musique folk, il n’en a pas fallu beaucoup pour que la foule soit entraînée par leur musique. Un giga mosh pit, un wall of death, du crowd surfing… Ils avaient de quoi être fiers, ces gars-là! Pour les curieux, prêtez l’oreille à leur tout dernier album Guten Tag, ça bûche solide!

Ce fut ensuite au tour du groupe Wintersun, la création sublime du virtuose Jari Mäenpää, de prendre contrôle de la scène. Avant leur arrivée, les lumières se sont éteintes et l’anticipation de la foule était sans limites alors que la pièce instrumentale When Time Fades Away résonnait à travers la salle. Finalement, après quelques minutes, les Finlandais sont apparus devant nous – et c’est précisément à ce moment-là que tout le contrôle fut perdu. Ils avaient à peine joué quelques notes de Sons Of Winter And Stars que l’intégralité du parterre est devenu le berceau d’un des pits les plus intenses que j’aie vécus! Rappelons en effet qu’il s’agissait de la toute première visite de Wintersun en Amérique du Nord depuis le début de leur carrière… N’avions-nous pas raison de se défouler ainsi? Après tout, on répète souvent que Montréal est la capitale nord-américaine du métal – il fallait donc être fidèle à notre réputation! Ils ont poursuivi le show en jouant leur plus récent opus Time I au complet ainsi que 4 classiques de leur premier album éponyme, soient Battle Against Time, Death And The Healing, Beyond The Dark Sun et Starchild. Ce set phénoménal avait duré plus d’une heure et il ne s’agissait que de musique épique du début à la fin. Pour les fans ayant manqué leur chance d’assister à cette toute première prestation montréalaise de Wintersun, j’ai horreur de penser aux autres horribles erreurs que vous aviez sans doute commises au cours de votre vie. La bonne nouvelle, c’est que Time II est dû en 2013, alors espérons qu’ils reviendront nous rendre visite l’an prochain.

Le troisième et ultime groupe à performer de la soirée, les mythiques créatures d’Eluveitie se sont emparées de la scène. Tels leurs compatriotes précédents, ces artistes ne se sont présentés qu’après Prologue, la première pièce instrumentale de leur dernier album, Helvetios. Armés d’une cornemuse, de flûtes, de guitares, d’une basse, d’un violon, d’une vielle à roue et, sans oublier la batterie, ils nous ont d’abord attaqués avec la deuxième chanson du dernier opus portant le même nom que l’album. Suite à ce petit échauffement, le chanteur avait présenté le band, nous avait remerciés d’être venus, puis nous a annoncé qu’ils comptaient enchaîner avec l’album Helvetios au complet jusqu’à la fin sans interruptions. Si les fondations du Club Soda étaient encore en bonne forme après la prestation de Wintersun, je m’inquiétais quant à l’intégrité structurelle du bâtiment suite à l’annonce du chanteur d’Eluveitie. En effet, la troisième toune, Luxtos, a complètement démoli la place. Avec un air accrocheur qui rappelle La Jument de Michao de Tri Yann (ou, plus récemment, Mais Qui Est La Belette? de Manau), c’était sans doute une de leurs meilleures performances de la soirée. Cependant, celle qui m’avait le plus marqué est sans doute Alesia, une toune basée sur le siège d’Alésia en 52 av. J-C. lors duquel plus de 100 000 Gaulois ont perdu la vie aux mains de l’armée romaine de Jules César alors que des dizaines de milliers d’autres ont été déportés. Absolument sans défaut et avec une énergie tout à fait remarquable, le groupe semblait sincèrement rendre hommage aux Gaulois défunts et leur mélancolie était bien vivide et apparente. Ensuite, ils avaient poursuivi avec Tullianum, Uxellodunon et Epilogue avant de nous quitter… Mais bien entendu, ce n’était pas la fin! Après une telle prestation, impossible de ne pas être sollicité pour quelques tounes en guise de rappel! Suite au chaos sonique qui faisait rage dans la salle suite à leur départ, ils sont revenus après quelques minutes pour nous choyer avec Everything Remains As It Never Was, Divico, Inis Mona et Tegernakô.

En gros, ce fut une soirée bien marquante et sans aucun doute inoubliable. Pour les malchanceux qui n’ont pas pu y assister, je vois difficilement comment un autre concert de folk métal pourrait surpasser celui-là. Contentez-vous alors de nos photos et apprenez de vos erreurs – un tel concert n’est absolument pas à manquer!

Auteur : Sam Osseiran

Photographe : Paul Blondé

Pour en savoir plus : BCI, Wintersun, Eluveitie, Varg