Devin Townsend

12 Juillet 2015 – Le hasard fait bien les choses. Qu’elle ne fut pas ma surprise lorsque les pas erratiques d’un vacancier qui se baladait nonchalamment le long de la côte atlantique, se sont stoppés nets en face d’une affiche. The Devin Townsend Project, Diantre ! Comment cela a-t-il pu bien rester inaperçu ! Tournée européenne… Date unique en France !!! Les pas se sont métamorphosés en course, il ne fallait absolument pas manquer ça !

Curieux qu’une telle pointure puisse se retrouver dans une salle aussi intimiste que l’Atabal. Plus de 500 personnes étaient présentes ce soir-là. Trop peu pour un tel évènement. Pourtant on entendait parler français bien sûr, mais aussi espagnol, anglais et néerlandais. Pour sûr, les gens étaient venus de loin !

De surprises en surprises, ce n’était pas le groupe annoncé en première partie, Periphery, qui s’est présenté à nous aux alentours de 21h. La lourdeur était de la salle insoutenable, pas un seul pet d’air et une température étouffante pour accueillir sur scène les membres du groupe Klone. Originaire de Poitiers, le groupe avait déjà tourné en compagnie de Gojira et de Psykup pour ne citer qu’eux. Musiciens avant-gardistes de la scène métal française il est quasi impossible de les catégoriser tant et si bien que chaque production est une œuvre unique dans le/les genre(s) qu’elle opère. Progressive Rock/Metal, Rock, Psyche/Noise, etc. Tout y passe et tout y est sublimé. Le live a commencé en douceur avec Immersion du dernier album Here comes the Sun. Envoutant et atmosphérique. Puis est venu The Dreamer Hideway, éponyme du précédent album. Cela préfigurait une bonne descente dans les tréfonds de l’âme humaine car s’en est suivi Give Up the Rest et l’excellentissime Immaculate Desire (album Black Days). C’est à partir de là que la foule a capté qu’ils avaient affaire à forte partie. « Je ne les connaissais pas, ils ne payaient pas de mine… Mais put*** c’est excellent ! ». Ben ouai les gens, c’est du bon ! Abreuvez-vous à la sueur de leur performance ! Et ce n’est pas peu dire, la chaleur était-elle qu’une mare de flotte saline dégoulinait de ces êtres présents sur scène. Rocket Smoke et Nebulous et le live se termine par une reprise de Bjork, Army Of Me.

Malgré la voix de Yann Ligner en deçà de ce à quoi l’on pouvait s’attendre, fatigue liée à la tournée oblige, Klone a su surprendre et se montrer à la hauteur du parpaing qui allait suivre. Mélodieux, puissant et habile.

L’organisation a eu l’excellente idée d’aérer la salle et de disposer des ventilateurs sur le pourtour de la scène. Le changement et les balances se font lorsque le projecteur diffuse sur l’écran un photomontage d’images cultes détournées. Exemples : le chestbuster  qui explose le bide de John Hurts (Alien le 8ème passager), remplacé par Ziltoid ?! Darth « Devin » Vader », etc. Les tronches pas possibles de Devin se retrouvent partout. C’est débile, ça fait patienter, ça en dit long sur la suite et  on est tous mort de rire. C’est énorme, à l’image du personnage. Devin Townsend. Je ne peux m’amuser à le présenter comme il se doit car il me faudrait une thèse entière pour le décrire. Tout droit venu du Canada et avec un bagage d’une vingtaine d’albums (que je vais insulter en les rangeant dans la catégorie de Progressive Metal), ce type est un univers à lui tout seul. Si vous ne connaissez pas, plongez-y tout de suite !

C’est vers 22h qu’il arrive l’air de rien sur scène en compagnie de ses musiciens en cosplay de lui-même (chauves). « Hey ladies and gentlemen welcome in Biritque… Biat… Oh Man…. Sorry ! too difficult to say Biarr.. Heeeeyyy ! welcome !! ». Et c’est ainsi qu’il commence à nous raconter une histoire. Son histoire fantasque, émouvante et drôle. Un personnage je vous dis ! Rejoice puis Nights. Tout en mimiques et autres grimaces absurdes, il scrute le public qui scande son nom, il sourit aux gens, plaisante. Il s’amuse. Venait ensuite la monumentale poutre Namaste de l’album Physicist qui contraste avec les stratosphérique Deadhead et Supercrush ! qui ont suivis. J’étais curieux de savoir si c’était du chiqué ou non. Et bien cela n’en est pas, Devin est effectivement capable de moduler sa voix de manière extrêmement impressionnante. Une voix claire et puissante mais également très à l’aise dans le chant hurlé, tout est maitrisé à la perfection et dénué d’effets.

March of the Poozers, enfin ! Pourquoi ? Parce que c’est un morceau du tout dernier album, , et parce qu’il était enfin question de sa mascotte Ziltoid. Des peluches à l’effigie de l’extraterrestre amateur de café terrien se sont alors élevées. Devin en avait profité pour changer de guitare. Une V-guitar d’une taille démesurée avec assortiments de néons, de lasers et de fumigènes intégrés… oui, des fumigènes ! Du grand délire ! Le public se déchaînait puis le maestro a de nouveau basculé dans l’onirisme avec A New Reign. La modulation de ton se retrouve également dans la setlist : More, Ziltoid Goes Home… On en a pris plein les cages à miels et les tripes. Plus qu’une histoire c’était un voyage au travers la terre, l’espace intersidéral, les profondeurs océaniques et le temps, auquel il nous a emmené. Notamment avec Bastard issu de son premier album Ocean Machine Biomech.

Le set s’est terminé avec Grace et Kingdom qui résumaient les messages qu’il souhait nous faire passer. A vous de les découvrir. La masse de gens ne voulait pas le laisser partir sans un dernier morceau. Et c’est finalement avec Christeen qu’il termine le voyage au travers les confins de son univers. Revenir finalement vers l’être humain.

C’était un de ces concerts, totalement « random » qui nous est tombé sur la tronche. Un de ceux qui resteront dans les mémoires pendant des lustres, et des lustres, et des lus… Merci aux organisateurs, à l’Atabal de Biarritz et aux zicos.

Texte : Pierre Falba

Photo : Archive Thorium Magazine