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12 juillet 2015 – L’été c’est le paradis des festivals metal en Europe, les salles de concerts sont souvent désertées et le temps peut sembler long pour ceux qui ne peuvent partir 3 ou 4 jours en festival. La programmation barcelonaise nous réserve quelques surprises en ce mois de juillet et c’est en ce beau dimanche ensoleillé que je me rends à la Sala Boveda, pour une soirée 100% thrash metal. Doctor Metal, MON Productions et Dracko producciones nous proposent un plateau composé de No Amnesty, Exodia et du célèbre groupe californien Death Angel.

La soirée démarre aux alentours de 20h00 avec les très jeunes membres de No Amnesty. Originaire de Sant Boi De Llobregat, la bande sortait son premier EP, A New Order For Attack l’an dernier. Le groupe nous balance des titres à la fois mélodiques et agressifs avec des beats de batterie incisifs comme dans Redemption, Kill or spare one’s life. Les musiciens se donnent face aux encouragements, même timides, du public. Les riffs et les intonations du vocaliste me font penser qu’ils s’inspirent, ne serait-ce qu’un peu, de leurs aînés d’Angelus Apatrida. Ils joueront de nouvelles compositions mais c’est avec leur cover du célèbre morceau Indians d’Anthrax que le quator va réveiller la foule, on s’active un peu dans le pit. No Amnesty clôturera le set avec No Way Out et Thrasher’s Pride. Une ouverture réussie, l’envie et la passion sont bien visibles, nous leur souhaitons de continuer dans cette voie.

Changement de plateau avant d’accueillir les membres d’Exodia à 21h05. Le quintet espagnol nous vient de Valence et donnait naissance à un deuxième album appelé Hellbringer en janvier 2014. Là, clairement, l’intensité va monter d’un cran, une intro retentit et les thrashers débarquent sur scène. Les membres d’Exodia n’y vont pas par quatre chemins et nous envoient la purée dès les premiers accords. Les morceaux sont balancés avec férocité, Infected hate, Go !, Future generations, The town of no return… Le charismatique vocaliste Amando prend d’assaut la scène, invitant le public au brisage de nuque et circles pit. La foule ne se fait pas prier, les cheveux virevoltent aux rythmes des blast beats râblés frappés par Toni. Victor fait vibrer les cordes de sa basse avec force tandis que Rafa et Pablo, qui headbang ardemment, nous envoient des riffs costauds et mélodiques. Le groupe jouera aussi des titres issus du premier opus Slow Death comme Fight my cock and your palate, les cris d’Amando sont  ultra puissants et sa présence scénique excellente, il fait son show ! La foule sera ravie d’accomplir le wall of death réclamé par celui-ci. L’ambiance est très bonne mais le temps passe vite et l’heure est venue pour Exodia de terminer son set, un final qui se fera avec un clin d’œil à Slayer, Raining Blood est entonné par un public déjà bien chaud.

Une ultime modification du plateau s’opère, une dizaine de minute s’offre à nous pour souffler en attendant Death Angel. Beaucoup des spectateurs présents aujourd’hui étaient de la partie lors du show monumental d’Exodus et Testament en mai dernier. Nous avions reçu une belle leçon de thrash et nous sommes prêts pour un second round dans un lieu propice à l’intimité. Il est 22h lorsque la pénombre s’installe, les clameurs s’élèvent et les californiens apparaissent à travers une brume épaisse et devant le back drop aux couleurs de leur dernier album The Dream Calls For Blood sorti en 2013. Ce sont d’ailleurs les premières notes de Left for Dead qui résonnent dans la Boveda. Petit bémol de ce concert: le son, avec un chant à peine perceptible depuis le premier rang malgré une amélioration certaine dès le second morceau. Il faudra donc choisir entre la proximité avec le groupe et la qualité sonore. Ayant déjà vu le groupe en festival, je décide de rester devant,  face au grand Mark Osegueda. Ce dernier, dont le charisme est incomparable, prend rapidement la parole et s’abreuvant de quelques gorgées de Bombay Sapphire il remercie chaleureusement son public puis annonce « we’ll play thrash fucking metal ! ». Son of the morning, Claws in so deep, Fallen, Succubus… les titres les plus récents défilent, c’est chaud bouillant dans le pit ! Sur scène, le quintet est exalté avec un chanteur hyperactif, qui s’amuse à flirter avec le premier rang, n’hésitant pas à vous tenir fermement la main. Tous les musiciens se donnent à fond. Le très bon bassiste, Damien Sisson affichera un large sourire durant tout le show. A ses côtés, les talentueux Rob Cavestany et Ted Aguilar ne sont pas en reste, délivrant les riffs dévastateurs avec une technique irréprochable. Will Caroll quant à lui, frappe fervemment ses fûts et projette des blast surpuissants, alliant brutalité et groove. Les headbanging et pogos vont bon train. Death Angel nous fera également voyager au cœur du thrash old school avec l’excellente Ultra violence ou encore Seemingly endless time. Un retour aux sources qui mettra tout le monde d’accord. Séquence émotion, Mark nous parle de sa grand-mère qui lui manque évoquant ainsi ses racines catalanes et introduisant le titre éponyme du dernier opus, la larme à l’œil. C’est ça que l’on aime dans le thrash: l’authencité ! Rob qui ne fait qu’un avec sa guitare, se lâche, il ressemble à un animal : sauvage… Les thrashers s’éclipsent un instant puis ils reviennent pour un final endiablé, largement acclamés par la foule. Le frontman annonce Bored, une bonne dose de heavy et de groove avant la brutalité de Mistress of Pain, le vocaliste nous balance son cri strident et ravageur ! Wow. Death Angel tirera sa révérence après The ultra-violence/Thrown to the Wolves. Un show magristral d’une heure trente avec des titres plus efficaces les uns que les autres et un groupe au top de sa forme. Les thrasher de la Bay Area nous ont tout donné avec une sincérité certaine et l’improbable proximité avec le groupe n’a fait que renforcer la qualité de la prestation. Si vous ne les avez jamais vu, foncez, une leçon de thrash et d’humanité vous sera très généreusement offerte.

Encore une soirée inoubliable à Barcelone, durant laquelle nos cœurs ont cognés au rythme du thrash metal. Merci à No Amnesty, Exodia, Death Angel pour ce show, pour leur simplicité et leur disponibilité. Un immense merci à Nuri et Tony pour l’accueil.

Auteur: Fanny Dudognon

Photo : Archive Thorium Magazine