Anti-Flag

17 Novembre 2015 – Quelques jours ce sont écoulés depuis les terribles évènements qui nous ont touchés, de près ou de loin… Le cœur est lourd et nos pensées s’en vont vers ces pauvres innocents qui sont partis, trop tôt, et tous ceux qui seront marqués à jamais par d’atroces images. C’est triste, mais la vie doit continuer, alors quoi de mieux qu’un concert de punk rock pour leur rendre un bel hommage ?

Pollux Asso nous permet, ce soir, de nous rassembler au Metronum pour célébrer la musique, la vie et le partage. C’est en compagnie de trois groupes que nous passerons la soirée : The Casoni’s, The Homeless Gospel Choir et enfin Anti-Flag.

Les portes s’ouvrent à 19h30 pétantes, et nous sommes encore en petit comité lorsque Slim Paul s’installe sur son tabouret, accompagné de sa guitare et coiffé de son chapeau. Sa jolie voix bluesy résonne… superbe ! Jean Philippe Soler (aussi dans Billy Hornett) le rejoint ensuite avec sa contrebasse. Le duo va nous présenter, entre autres, sa version bluegrass de Bullet in the Head de Rage Against The Machine suivie de celle de How could you kill a Man de Cypress Hill. Choix et remodelage audacieux, c’est à la fois étrange et très cool. Les deux sympathiques artistes se livrent en toute simplicité, plaisantant avec le public entre deux morceaux. Un début de soirée qui s’amorce en douceur et dans la bonne humeur, merci !

Petite pause, la salle se remplie puis les lumières déclinent à nouveau. Justin Sane, chanteur d’Anti Flag, s’avance pour nous présenter son ami Derek Zanetti a.k.a The Homeless Gospel Choir. Accompagné de sa guitare, ce petit personnage au visage malicieux et à l’allure curieuse s’approche de son micro et prend la parole, en chanson. C’est ainsi qu’a démarré un agréable moment de partage entre Derek et nous, public, qui sommes restés pendus à ses lèvres durant tout le set. Le talent de cet artiste est de savoir manier les mots. Il chante ses pensées et parle de notre société, abordant des sujets parfois graves qu’il raconte avec humour et conviction. « This is a protest song », fil conducteur de sa narration, il introduit ses morceaux abusant de cette phrase qui déclenchera systématiquement les rires. Il dénonce ainsi les médias avec Armageddon, la société de consommation dans Black Friday ou encore la religion avec God at your side. Le titre When the war is over, résonne dans la salle et s’infiltre en nous, une  chanson qui fait terriblement écho à la triste actualité de notre France, c’est fort en émotion. The Homeless Gospel Choir, c’est un mec simple, talentueux chanteur punk-rock, compositeur, interprète et humoriste (et un pro de la projection salivaire). Entendre les gens rires, ça fait beaucoup de bien… Je vous conseille vivement de réviser votre anglais et de vous procurer son album I Used to be so Young car si la musique n’est pas sensationnelle, les textes sont, eux, excellents.

Changement de plateau, le drapeau géant d’Anti-Flag ainsi que les écriteaux affichant « An Army of one » et « Pray for a cloudy day » placés de chaque côté de la batterie habillent la scène. Formé à Pittsburgh en 88, le groupe de punk rock est connu pour ses textes déférant la religion, le racisme, l’individualisme et le gouvernement. Après plusieurs séparations et reformations, Anti-Flag est de retour avec un nouvel et très bon album American Spring. Les lumières s’éteignent, Pat Thetic prend place derrière sa batterie. Le guitariste Chris Head ainsi que les chanteurs Justin Sane et Chris#2 respectivement à la guitare et à la basse débarquent en trombe. « Turncoat, killer, liar, thief ! Criminal with protection of the law… Go ! » Le public réagit instantanément, gueulant le refrain avec le groupe  tout en s’agitant. Ça c’est de l’entrée en matière ! Victory hands✌, Chris#2 lève le bras, brandissant ce signe pacifiste et nous invite à en faire autant. Les deux chanteurs prendront souvent la parole, abordant bien évidemment les attentats mais souhaitant surtout véhiculer un message de paix et de partage. Un peuple uni oui, mais n’oublions pas que nous avons affaire à des punks, des rebelles! C’est donc tous unis, que nous allons chanter les titres révoltés, engagés comme Fuck Police BrutalityI’d Tell You But… ou Broken Bones. L’ambiance est vraiment bon enfant et chaleureuse, tout le monde chante et remue sur ces rythmes entraînants. Avec Anti-Flag ce soir, j’oublie un peu la mélancolie de ces derniers jours et j’ai l’impression d’avoir à nouveau 15 ans. Le punk rock c’est comparable à une cure de jouvence, les quatre musiciens, tous beaux, tous propres ne font d’ailleurs pas leur âge. 911 for Peace, The Press Corpse, Death of Nation les morceaux défilent à vive allure et les américains s’éclipsent. Les chaudes clameurs les accueillent pour un rappel endiablé. Pat Thetic part dans la foule, on lui apporte sa grosse caisse et sa caisse claire. Il est rejoint par Chris#2  qui monte sur la grosse caisse, les premiers accords de Die For The Government fusent. Ambiance de folie et circle pit autour du batteur: “you’ve gotta die, gotta die, gotta die for your government? die for your country? that’s shit!”. Et voilà qui conclut parfaitement le set d’Anti-Flag. Un show rempli d’ondes positives grâce à des musiciens souriants et généreux qui nous ont offert de belles paroles et de l’énergie.

Merci à Pollux Asso pour cette soirée très sympa, en compagnie d’artistes absolument adorables et oui… avec du punk tout gentillet mais qui fait un bien fou en ces temps où l’humeur est plutôt morose. Alors, avez-vous retenu le message? Arrêtez de vous déchirer messieurs, dames, faites comme nous, unissez-vous… Peace!

Auteure: Fanny Dudognon

Photo: Clément Costantino